Les petits crépitements sur la ligne instable qui nous relie ont quelque chose de
rassurant, mais aussi d'
angoissant.
Ils me bercent le coeur, en passant par mes oreilles, avant d'aller se lover contre mon poumon droit où la terreur se fraie un chemin vers mon intestin, triturant les parois de mon estomac.
Au froid, entre deux alvéoles pulmonaires, ils pétillent et sautillent dans un mélange curieux de nostalgie et de bien-être.
Les petits crépitements me rappellent que ton absence est
éphémère
et que très bientôt disparaîtra de mes papilles ce goût de
fer amer qui enlève toute saveur à ce que j'ingère.
Lorsque tu m'embrasseras enfin à nouveau,
le monde s'arrêtera de tourner pour une seconde fois
et il n'y aura plus que
toi & moi
au beau milieu d'un océan de
songes substantiels.
Nous resterons comme ça, ensembles, encore des dizaines d'années (imaginaires) à rêver, jusqu'au moment où le cruel réveille-matin de la réalité sonnera.
Puis, tu repartiras finalement, emmenant ma vie entre tes doigts, la tenant aussi fort que tu pourras pour NE PAS qu'elle s'échappe, pour NE PAS qu'elle glisse et qu'elle éclate en mille petits morceaux de bonheur s'éparpillant sur le plancher de l'apocalypse.
Et puis, les petits crépitements reviendront à nouveau,
tantôt angoissants, tantôt rassurants,
mais me rappelant toujours qu'au fond, peu importe où
e r r e n t mes pensées et quand elles se heurtent aux grattes-ciel du réel,
tu me portes dans ton coeur comme je te porte dans le mien.
Et seuls, chacun de notre côté, nous marchons pas à pas vers notre liberté, pendant que nos âmes, exilées de chaque côté de l'océan A, se baladent main dans la main
. . . a l l è g r e m e n t.