vendredi 16 décembre 2011

Un 104e jour de cauchemar...


J’ai envie de crier du plus fort que je peux pour m’arracher les cordes vocales et défoncer mes poumons. J’ai envie de saigner. De me vider de mon sang par la gorge et souffrir jusqu’à pousser mon dernier souffle. J’ai envie de crier : «JE LE SAVAIS SACRAMENT! J’TE L’AVAIS DIT QU’IL SE PASSERAIT QUELQUE CHOSE DE PAS BIEN QUI NOUS EMPÊCHERAIT D’ÊTRE ENSEMBLE.» Pourquoi la vie nous veut autant de mal? C’est pas comme si on avait pas souffert du tout jusqu’à présent, tu trouves pas? Non. 103 jours, c’était pas assez, fallait bien en rajouter ! Ils sont forts voyons ! Ils peuvent bien en endurer un de plus. Pourquoi faut-il toujours que mes pressentiments s’avèrent exacts? Pourquoi, pour une fois, ça n’a pas pu se passer comme tout était prévu? Mais non, nous, on mérite pas ça. On a pas le droit d’être heureux. Pendant que des centaines de milliers de millions de fucking couples de baladent main dans la main dans la rue et se rendent même pas compte de la chance qu’ils ont d’être tous les deux sur la même rue, dans la même ville, dans le même pays, sur le même continent, nous, on doit attendre et espérer. C’est tout. Et le jour où c’aurait enfin été notre tour d’être heureux, c’est le vent qui vient tout balayer. Une tempête. Le 16 décembre 2011, en France, il y a eu une tempête. Tout le monde s’en fout. Pour certains, c’est un prétexte pour ne pas aller à l’école. Pour d’autres, une simple panne de courant. Pour nous, c’est le bonheur qui est encore reporté. Encore et toujours. Attendre pour être heureux. J’ai l’impression d’être maudite, éternellement condamnée à stagner dans l’attente de ma propre vie. Arrivera-t-elle enfin? Arrivera-t-elle un jour? Non, pour le moment, je ne crois pas. Ça me paraît désormais, plus que jamais, totalement impossible d’avoir LE DROIT et LE PRIVILÈGE d’accéder au bonheur et d’enfin vivre. Un avion qui n’a pas décollé vient de démolir mon petit coeur qui recommençait à peine à croire en la vie. Celle-ci, encore une fois, s’est vengée sur moi, sur nous, pour je ne sais trop quelle raison. Est-elle jalouse, cette salope de vie? Est-elle enragée contre nous? Que nous lui avons-nous fait pour qu’elle ait tant de rancoeur à notre égard? Je ne fais qu’attendre depuis des mois, toute seule dans la nuit, toute seule dans le froid, toute seule contre les assauts répétés de la vie. Et aujourd’hui, elle me porte le coup de grâce. Mon coeur a mal, plus que jamais. J’y croyais, ce matin. J’espérais, ce matin. Ce soir, à 18h, il aurait pu et aurait dû être là. Mais il n’en sera rien. Parce que cette chienne de vie en a décidé autrement. Le vol AF5722 restera cloué au sol. Il ne bougera pas. À 16h10, un autre avion prendra son envol avec, à son bord, une place vacante qui aurait dû être la sienne. À côté ou entre deux inconnus, il y aura un siège libre où il aurait dû s’endormir en attendant l’atterrissage. Ce soir, à l’aéroport de Montréal, plein de gens attendront leurs proches, mais mon amoureux n’arrivera pas. On dirait qu’on vient de m’annoncer sa mort. J’ai envie d’hurler jusqu’à mourir moi aussi. Pour ne pas à vivre cette horrible journée qui aurait dû être celle où nous allions nous retrouver. Je regarde autour de moi et je ne vois rien. Rien d’autre que mes larmes qui me brouillent la vue et m’empêchent de voir au-delà du mal qui me ronge. Ce soir, il aurait pu être ici, mais il ne le sera pas. Et moi non plus, je ne serai pas là. J’errerai dans la lande de mes désillusions en attendant que se termine ce cauchemar de décembre. Vais-je me réveiller bientôt? Suis-je condamnée à rester seule? Dans tous les cas, il semble bien que le cauchemar se prolongera pour une 104e journée... Merci à toi, vie machiavélique et sans pitié.  

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